Publié le jeudi 3 octobre 2019 7:07 par Jean Andris
Mis à jour le jeudi 3 octobre 2019 7:34 par Jean Andris
Caractérisée par une évolution chronique, l’anorexie est réfractaire au traitement dans 50% des cas et affiche un taux de mortalité important. «L’anorexie mentale est une maladie très lourde qui renvoie à l’entourage un sentiment d’impuissance : les jeunes qui en souffrent sont comme des bébés qui se laissent mourir», explique le Pr Marie Delhaye, Directrice du Service de Pédopsychiatrie de l’Hôpital Erasme.
«En Belgique, les citoyens sont perdus face à l’anorexie», poursuit-elle. C’est la raison pour laquelle elle s’est intéressée à l’approche originale développée au Karolinska Institute (Suède).
«Quand un patient arrive sous un certain Indice de Masse Corporelle (IMC), il est beaucoup trop focalisé sur son poids ou sa taille que pour pouvoir poser des mots sur ce qui l’a amené à ce trouble alimentaire. Ces spécialistes ont donc pris le parti de commencer par le rééduquer à manger plutôt que par une prise en charge psychiatrique classique».
Pour les aider dans cette démarche, les médecins suédois ont développé l’application «Mandometer» que le Pr Delhaye utilise dorénavant au sein de l’Unité Adolescents de l’Hôpital Erasme. «Cette application est un outil très utile pour obtenir l’attention du patient tout en lui réapprenant à manger : il s’agit d’une balance connectée qui enregistre la perte de poids de l’assiette au cours du repas. Ce qui permet de connaître avec une grande précision la quantité de nourriture ingérée et la durée du repas. Par ailleurs, le patient est invité à indiquer son sentiment de satiété à plusieurs moments du repas.»
Des informations précieuses qui permettent au personnel médical d’adapter la prise en charge et les repas proposés. «L’une de forces de cette application est que les patients ont également accès à ces données, ce qui les aide à se situer par rapport à la norme et surtout à visualiser leurs progrès.»
Autre volet novateur de cette approche : le traitement des angoisses postprandiales qui sont fréquentes chez ces patients. Le repas est un moment anxiogène pour les anorexiques. En particulier une fois qu’il est terminé et que le stress d’avoir (trop) mangé survient. «C’est pourquoi, nous proposons dorénavant aux patients un temps de repos dans leur chambre sous une couverture chauffante qui favorise la détente et réduit de manière efficace ces angoisses. Ce qui a, également, l’avantage de limiter au maximum le recours aux médicaments».
Cette prise en charge se passe en deux temps : d’abord en résidentiel au sein de l’Unité Adolescents de l’Hôpital Erasme et puis, un suivi en ambulatoire de minimum 2 ans. « Notamment grâce au soutien d’un mécène du Fonds Erasme, nous avons pu nous équiper et aller nous former en Suède où les études montrent que le taux de récidive à 5 ans a chuté de 50% à 25%. C’est un progrès considérable dans la prise en charge de cette maladie mentale», conclut le Pr Delhaye.
Communiqué de l’Hôpital Erasme